Quand le cœur des joueurs chavire pour des personnages de pixels


Lors de la cérémonie des Game Awards, jeudi 7 décembre à Los Angeles, Baldur’s Gate III, du belge Larian Studios, a reçu une demi-douzaine de prix, dont, sans surprise, le plus prestigieux, celui du jeu de l’année.

Sans surprise non plus, le prix du meilleur doublage a été attribué à Neil Newbon, interprète du personnage d’Astarion, pourtant en compétition avec, excusez du peu, Idris Elba (Solomon Reed dans Cyberpunk 2077). Vampire aux airs mutins et aux boucles blanches, Astarion semble tout droit sorti d’un boudoir libertin du XVIIIe siècle. Charismatique et précieux, cet étonnant individu aux oreilles pointues est devenu, ces derniers mois, le chouchou d’une communauté très active sur Internet.

Sur les réseaux sociaux, 770 millions de vidéos utilisent le hashtag du personnage. Sur Reddit, des centaines de publications se font l’écho de cette curieuse fascination : « Ma femme était tellement obsédée par Astarion qu’elle a ruiné notre relation », peste un utilisateur. « Je ne sais pas quoi faire, je pense que j’ai besoin d’aide. Ça fait longtemps que je n’avais pas ressenti ça pour un personnage, à tel point que mon cœur bat à cent à l’heure », témoigne une jeune femme. « Mon copain fait semblant d’être inquiet par rapport à ma relation avec Astarion, vu à quel point je me pâme devant lui », raconte une autre.

« Bien sûr qu’il allait plaire à Internet, c’est un vampire sexy, espiègle et impertinent avec qui on passe de bons moments, s’amuse Adam Smith, lead writer sur Baldur’s Gate III. Mais les personnes qui en parlent beaucoup ne sont qu’une petite partie de l’audience. En réalité, beaucoup de gens le détestent et quand on regarde les statistiques, il n’est pas vraiment le plus populaire [des personnages du jeu]. »

On peut, sans prendre trop de risque, formuler cette hypothèse : le succès de Baldur’s Gate III tient en bonne partie de l’accent ainsi mis sur les « romances », c’est-à-dire les histoires d’amour que l’on peut vivre avec certains personnages secondaires. Longtemps simples porte-flingue (ou porte-épée), les compagnons sont devenus avec des jeux comme Mass Effect (2007) ou Dragon Age Inquisition (2014), développés par le studio canadien BioWare, des alter ego avec lesquels discuter pendant des heures. Tous ont une histoire propre, une mission personnelle qui, une fois réglée, peut débloquer l’accès à un jeu de séduction, à de furtifs baisers et, ultimement, à une scène de sexe, sorte de graal pour joueur consciencieux. Un fonctionnement repris depuis par d’autres, comme le studio polonais CD Projekt (The Witcher, Cyberpunk 2077).

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